La critique tombe alors qu'un plan d'austérité a été voté...Les Italiens, invités à se serrer la ceinture après le vote d'un programme d'austérité, exigent que les parlementaires mettent eux aussi la main à la pâte en renonçant à leurs privilèges.
Depuis le vote, vendredi, d'un plan d'austérité de 48 milliards d'euros d'économies en quatre ans, journaux et blogs en Italie dénoncent les avantages en nature accordés aux parlementaires.
Vols gratuits, frais de bouche et coiffeurs payés, pléthore de chauffeurs et escorte policière pas toujours nécessaire, tous les privilèges dont jouissent députés et sénateurs italiens sont épinglés.
«Alors qu'ils (les hommes politiques) demandent aux citoyens de mettre 'une main sur le coeur et l'autre sur le portefeuille', (...) ils ne se rendent pas compte que le refus de s'associer à ces sacrifices risque de mettre le feu aux poudres», peut-on lire dans un éditorial du Corriere della Sera.
Beaucoup d'Italiens ont découvert avec dégoût que sur les 48 milliards d'euros du plan, à peine 7,7 millions d'euros, soit 0,016%, proviendraient des économies visant le monde politique.
Gian Antonio Stella et Sergio Rizzo, deux journalistes au Corriere, auteurs de l'ouvrage «La casta» (la caste), dévoilent pratiquement chaque jour les abus de la classe politique italienne. Ils révèlent par exemple que les coiffeurs des sénateurs gagnent environ 133.000 euros par an.
«Barack Obama a révélé que ses plus proches collaborateurs à la Maison blanche gagnent au maximum 172.200 dollars, soit 118.500 euros. C'est-à-dire 15.000 de moins de ce que pouvait gagner il y a quatre ans un coiffeur au Sénat. Les citoyens italiens ont-ils oui ou non le droit d'être informés?», s'interroge le Corriere della Sera.
La liste des avantages ne s'arrête pas là.
Les parlementaires peuvent souvent voyager gratuitement sur les lignes interieures italiennes. Certains articles les accusent d'accumuler des 'miles' de compagnies aériennes pour en faire ensuite bénéficier des membres de leur famille.
Lundi, le quotidien milanais dénonce en outre la décision des sénateurs et des députés de demander aux Italiens de dépenser plus pour leur sécurité sociale tout en repoussant sine die une hausse de la mutuelle taillée sur mesure pour eux.
Colère sur le netCes attaques sur le train de vie et les privilèges venus des journaux se sont étendues aux réseaux sociaux et sur la toile.
Ainsi, une personne qui dit avoir travaillé comme assistant parlementaire pendant quinze ans avant de voir son contrat temporaire non renouvelé, a fait un tabac ce week-end en créant une page Facebook «I segreti della casta di Montecitorio» (les secrets de la caste de Montecitorio, lieu où se trouve la chambre des députés à Rome).
En un peu plus d'une journée, la page a reçu plus de 150.000 visiteurs et son contenu est abondamment commenté dans les colonnes des journaux. Certains titres ont déjà baptisé l'auteur de la page, qui s'est donné comme pseudonyme Spider Truman, «le nouvel Assange», en référence au fondateur de WikiLeaks.
On peut y consulter des photos de documents officiels où il apparaît que les parlementaires peuvent bénéficier de rabais de 20% sur l'achat d'une voiture neuve ou sur leurs factures de téléphone portable.
«Spider Truman a catalysé la colère de milliers de citoyens, en mettant noir sur blanc le catalogue des privilèges dont bénéficient les parlementaires», écrit La Repubblica.
«(Le gouvernement) ne peut pas demander aux citoyens, en particulier à la classe moyenne et aux plus démunis, de faire de grands sacrifices économiques sans s'attaquer aux privilèges des parlementaires», poursuit le quotidien de gauche.
Le président de la région lombarde, Roberto Formigoni, est apparu à la télévision dimanche soir en plein coeur de cette tempête médiatique et a demandé de mettre un terme aux avantages en nature des sénateurs et des députés.
Son intervention a toutefois suscité des commentaires ironiques ou désabusés dans les médias: il a en effet lancé son appel dans le port prisé par la jet-set de Porto Cervo, sur la costa smeralda sarde, devant une rangée de yachts.
Article : 20minutes.fr